Charles de Drelincourt, père du poète
Cet homme combatif et assez autoritaire aura seize enfants de son union avec Marguerite Bolduc. Il se rapproche de la capitale en devenant pasteur de l’Église réformée de Paris dont le temple était à Charenton. C’est probablement là qu’il rencontre Valentin Conrart, dont le salon littéraire sera transformé en Académie Royale des Belles Lettres par Richelieu. Conrart, en effet, faisait partie des Anciens de Charenton. À l’Académie de Saumur, il a reçu une formation de grande qualité, donnée en partie par le grand philosophe Marc Duncan. Sa réputation de prédicateur et d’auteur se répand à travers des ouvrages d’apologétique, de prières, de théologie et de controverse contre les catholiques. Ses livres sont traduits de son vivant en allemand, en anglais et même en danois... Le plus connu est « Les Consolations de l'âme fidèle contre les frayeurs de la mort, avec les dispositions et préparations pour bien mourir » (1651), qui connaitra au moins 40 éditions jusqu’à la fin du siècle. Dans sa « Défense de Calvin contre l'outrage fait à sa mémoire» publié en 1667, il ne s’attaque ni plus ni moins qu’à un ouvrage posthume du Cardinal de Richelieu : « Traité qui contient la méthode la plus facile et la plus assurée pour convertir ceux qui se sont séparés de l'Église ». Le vieux Drelincourt est néanmoins perçu comme un homme de sagesse et de discernement, en matière de foi. Capable d’écriture, de prêches, et de générosité, Charles Drelincourt marqua durablement ses enfants.
Charles & Pierre de Drelincourt
Très vite, ceux-ci courent l’Europe : son fils Charles devient médecin de Turenne en 1654. Puis, il est médecin aux armées du roi et obtient la charge très convoitée de médecin ordinaire de Louis XIV. Il quitte Paris en 1668 pour une chaire d’anatomie à Leyde, aux Provinces-Unies. De là, il fera éditer les sonnets et les sermons de son frère après la Révocation, et ira jusqu'à secourir les émigrés. Il devient ensuite médecin personnel du pire ennemi de son ancien patient : Guillaume d’Orange, alors Stathouder de Hollande et futur roi d’Angleterre. Son traité sur l’obstétrique publié à La Haye lui vaudra de figurer dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Il meurt à Leyde en 1697.
Un autre des frères Drelincourt, Pierre, devient prédicateur et doyen de l’évêché anglican d’Armagh en Irlande. Il est également chapelain du duc d’Ormond. Un autre fils, Henry, est pasteur à Gien, Fontainebleau et Bois-le-Roi, tandis qu’un autre est médecin à Orbe en Suisse, et soigne les seigneurs de Berne.
Thierry BOBINET