Histoire - Les martyrs et les confesseurs protestants dans la France de l'Ouest
"Ce n'est pas le type de mort qui fait le martyre c'est la cause"
Les deux premiers martyrs connus en Bas-Poitou ont été brûlés vifs aux Essarts et à Fontenay le Comte en 1534
Le 28 novembre 1534 Il s'agit de Gérard DELESPEE marchand drapier à Fontenay le Comte d'une famille de notables fontenaisiens qu'on retrouve dans l'Eglise réformée de Fontenay dès sa création en 1562
Selon le Compte des Receptes et Mises de la Chastellenie de Fontenay le Comte de 1534 à l'article du bourreau il a été condamné au feu pour avoir "maschiné es faubourgs et lieux champêtres convents et y a insinué les faulses doctrines de Luther, qui onr cours. "
Le bourreau reçut pour son salaire, frais d'échafaut et bûcher onze livres.
Marie BECAUDELLE fait l'objet d'une notice dans le Tome 1 du Livre des Martyrs de Jean CRESPIN paru à Genève à partir de 1562 et que nous reproduisons ci-dessous :
Marie Becaudelle , vulgairement dite Gaborite , native des Effarts en Poitou ressort de Fontenay le Conte, fut enseignée en la vérité chez un maître qu'elle servait en la ville de la Rochelle. Elle reçut en peu de temps telle instruction en la doctrine de l'Evangile, qu'après auoir laissé le service de sondit maiftre , étant de retour aux Essarts, ne douta de remontrer à vn Cordelier qu'il ne prêchait point la parole de Dieu , laquelle chose elle lui monftra par passages notoires de la sainte Ecriture.
Le caphard eut dépit et vergogne d'être repris d'une femme ; mais il usa de dissimulation, afin de faire relater à cette femme son propos , lorsqu'il auroit quelques témoins présents. Ce qu'elle ne refusa de faire; même elle lui mit au devant le jugement du Seigneur , s'il perséverait à faire outrage à l'Euangile du Fils de
Dieu. Cefte femme fut subit appréhendée & mise en prison ; & tôt après condamnée par la justice de Fontenay à être brûlée. Laquelle condamnation étant confirmée par arreft du Parlement de Paris, Marie, amenée au dernier fupplice , endura la mort audit lieu des Essarts, en telle vertu qu'elle fut en admiration : l'an m.d. XXXIIII. (1534)
Antoine AUGEREAU originaire de Fontenay le Comte il avait appris le métier d'imprimeur à Poitiers et était allé s'établir maître à Paris. Voici en quels termes un document contemporain indique les causes de sa condamnation et raconte son supplice :
"La veille de Noël XXIIIIème jour de décembre 1534 Antoine Augereau natif du Poitou, pour avoir imprimé de faulx livres ,feist amende honorable, et fust pendu et estranglé en une potence à la place Maubert, el ille brûlé".
Le crime d'Augereau était principalement d'avoir publié l'ouvrage de la soeur du roi Marguertie d'Angoulême : "le miroir de l'âme pécheresse" que la Sorbonne avait condamné au feu.
Nicolas BALLON natif du Breuil-Barret se sentant en péril dans sa patrie s'était retiré à Genève, s'y était marié, et avait pris la profession de colporteur. Mais la balle qu'il portait sur son dos dans ses voyages contenait autant de Bibles que d'autres marchandises. Arrêté à Poitiers en 1556, il fut condamné à mort; mais il interjeta appel devant le Parlement de Paris, se défendit avec courage en présence de ses seconds juges, fut condamné de nouveau au bûcher, parvint à s'échapper des mains des archers qui le conduisaient au supplice et regagna Genève. Saisi une seconde fois à Châlons en 1559 , on le ramena à Paris où il fut étranglé et son corps livré aux flammes